Charles Ritchie
« Charles Ritchie avait le panache d’un prince. Et il en avait de la concurrence pendant les jours de gloire du ministère. »
Allan Gotlieb
ambassadeur du Canada aux États-Unis (1981-1989)
Charles Ritchie a dirigé les relations entre le Canada et les États-Unis pendant une période difficile. Il est ambassadeur du Canada à Washington en 1962, lorsque les intérêts des deux pays commencent à diverger et que le nationalisme naissant incite les Canadiens à critiquer la politique étrangère américaine. La réticence du Premier ministre John Diefenbaker à armer des missiles BOMARC basés au Canada avec des ogives nucléaires est particulièrement préoccupante. Au plus fort de la crise cubaine des missiles, l’indécision de Diefenbaker a mis à dure épreuve ces relations jusqu’au point de rupture, et Ritchie est brièvement rappelé à Ottawa. Malgré ces bouleversements, Ritchie déploie tout son charme et son tact pour entretenir de bonnes relations dans le cadre de sa diplomatie quotidienne. Il réussit à convaincre Diefenbaker de le renvoyer à Washington plus tôt que prévu et à déconseiller les membres du gouvernement canadien de critiquer ouvertement la politique américaine. À son retour à Washington, il rassure ses homologues du Département d’État américain sur le fait que le Canada soutenait son allié, malgré les récentes frictions au sujet de la défense nucléaire. Le séjour de Ritchie à Washington est le reflet même du diplomate canadien exercé qui réussit à garder les réseaux de communications ouverts, malgré l’impasse temporaire des élus.
Ritchie entre au service diplomatique en 1934 et gravit rapidement les échelons avant son ascension au poste de sous-secrétaire adjoint aux affaires extérieures. En 1939, il est affecté au haut-commissariat de Londres au moment de la Seconde Guerre mondiale. Il occupe les postes les plus importants à l’étranger en tant qu’ambassadeur auprès des Nations Unies, aux États-Unis, au Conseil de l’Atlantique Nord et enfin en tant que haut-commissaire au Royaume-Uni. Ritchie tenait un journal intime dès son plus jeune âge, et ceux qu’il a publiés dévoilent un vif et éloquent récit sur sa vie de diplomate. Pensif, spirituel et parfois irrévérencieux, ses journaux intimes « non diplomatiques » décrivent un moment critique de l’histoire de la diplomatie canadienne.
Ritchie nait à Halifax en 1906. Il commence ses études de premier cycle à l’Université du King’s College, pour les poursuivre ensuite à l’Université d’Oxford, à l’Université de Harvard et à l’École libre de sciences politiques. Ritchie est devenu un compagnon de l’Ordre du Canada en reconnaissance de ses contributions à la diplomatie canadienne.
Lectures complémentaires :
Ritchie, Charles. Undiplomatic Diaries, 1937-1971. Toronto: McClelland & Stewart, 2008.
—An Appetite for Life: The Education of a Young Diarist, 1924–1927 Toronto: Macmillan, 1977.
McKercher, Asa. Camelot and Canada: Canadian-American Relations in the Kennedy Era. Oxford: Oxford University Press, 2016.