Allan Gotlieb
« Protagoniste habile et respecté malgré le monde complexe de la politique de pouvoir à Washington. »
Jack Granatstein
Professeur émérite d’histoire, Université York.
Allan Gotlieb fit entrer la diplomatie canadienne au XXIe siècle. Alors qu’il deviendrait l’ambassadeur du Canada ayant servi le plus longtemps aux États-Unis (1981-1989), Gotlieb arrive à Washington et se rend compte que les affaires ne fonctionnent pas comme d’habitude. Non seulement la « troisième option » du premier ministre Pierre Trudeau avait mis à rude épreuve les relations avec les États-Unis, mais le mécanisme même de la diplomatie américaine avait également changé. Les comités du Congrès, responsables de ratifier les traités et accords, avaient de plus en plus d’influence sur les négociations internationales. Gotlieb décide d’adopter une nouvelle approche. Là où ses prédécesseurs avaient principalement travaillé par le biais de contacts au Département d’État, Gotlieb communique plutôt avec les membres du Congrès, les gouverneurs d’État et leurs collaborateurs. Il cultive une relation privilégiée avec les médias de Washington et organise d’innombrables soirées sociales avec l’aide de son épouse Sondra. Cette présence orientée vers le public marque une rupture avec l’ancienne atmosphère cloîtrée des relations politiques. Sous l’égide du Premier ministre Brian Mulroney, Gotlieb réussit à conclure l’Accord sur les pluies acides et l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis. Le succès de la diplomatie publique de Gotlieb a servi de modèle aux diplomates travaillant dans un monde de plus en plus ouvert aux médias et aux communications numériques.
Gotlieb débute sa carrière au ministère des Affaires extérieures en 1957. Sa profondeur intellectuelle et sa ténacité le propulsent rapidement au poste de sous-secrétaire d’État adjoint et conseiller juridique où il joue un rôle de premier plan visant à protéger la position d’Ottawa sur la relation croissante entre le Québec et la France. Il a à peine quarante ans, lorsqu’il est nommé sous-ministre des Communications, puis sous-ministre de la Main-d’œuvre et de l’Immigration. L’expérience de Gotlieb dans différents portefeuilles a grandement influencé sa diplomatie publique. Il retourne au MAE en tant que sous-secrétaire d’État en 1977 et canalise ses efforts pour faire du ministère une agence centrale au sein du gouvernement fédéral. Son affectation comme ambassadeur à Washington sous la direction de trois premiers ministres prouve sans ambiguïté ses talents de diplomate et son professionnalisme. Après sa retraite de la fonction publique, Gotlieb a été président du Conseil des arts du Canada de 1989 à 1994.
Né à Winnipeg en 1928, Gotlieb étudie d’abord l’histoire à l’Université de Californie à Berkeley et obtient ensuite un diplôme en droit de l’Université de Harvard, où il est rédacteur en chef la Harvard Law Review. Il poursuit ensuite des études supérieures à l’Université d’Oxford en tant que boursier Rhodes. En reconnaissance de ses réalisations de promotion en faveur de la position du Canada dans le monde, Gotlieb a reçu le titre de Compagnon de l’Ordre du Canada.
Lectures complémentaires :
Gotlieb, Allan E. The Washington Diaries, 1981-1989. Toronto: McClelland & Stewart, 2007.
— “I’ll be with you in a minute, Mr Ambassador”: The Education of a Canadian Diplomat in Washington. Toronto: University of Toronto Press, 1991.
Gotlieb, Sondra. Washington Rollercoaster. Toronto: Doubleday Canada, 1990.
Stein, Janice Gross, et Colin Robinson ed. Diplomacy in the Digital Age: Essays in Honour of Ambassador Allan Gotlieb. Toronto: Signal, 2011.
Des Hommages à Allan Gotlieb:
Allan Gotlieb est décédé le 18 avril dernier. Voici des liens aux quelques hommages, parmi plusieurs, présentés à sa mémoire:
Andrew Cohen, Visionary diplomat Allan Gotlieb was ‘a shrewd player of the power game’
Jeremy Kinsman, Death of Visionary, Allan Gotlieb, 1928-2020
Colin Robertson, On AEG
Colin Robertson, Gotlieb revolutionized Canadian diplomacy with our primordial partner
David Shribman, Allan Gotlieb: A revered outsider in Washington’s inner circle